Végétalisation des villes : la nature comme nouvelle infrastructure urbaine ? (Partie 1/2)

Environnement

Le réchauffement climatique a mis en avant le potentiel majeur qu’offrirait un verdissement des villes. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle prend une tournure de plus en plus politique, professionnelle et scientifique.  Une longue maturation L’idée de réintroduire la nature dans l’espace urbain prend racine au XVIIIe siècle avec l’idée rousseauiste que la grande ville, par […]

Le réchauffement climatique a mis en avant le potentiel majeur qu’offrirait un verdissement des villes. L’idée n’est pas nouvelle, mais elle prend une tournure de plus en plus politique, professionnelle et scientifique. 

Une longue maturation

L’idée de réintroduire la nature dans l’espace urbain prend racine au XVIIIe siècle avec l’idée rousseauiste que la grande ville, par ses excès, pervertit l’être humain et son environnement. En 2010, la Grenelle de l’environnement accouche du « Plan nature en ville » dont l’un des objectifs consiste à végétaliser les villes pour en atténuer les effets négatifs : îlots de chaleur, pollution atmosphérique, poussières, impact environnemental. 

La principale différence entre les « philosophies » environnementalistes des siècles passés et celles d’aujourd’hui porte sur la solidité de leur argumentation. Jadis, elles relevaient d’un credo plus ou moins simpliste, faute de preuves techniques et scientifiques suffisantes. Aujourd’hui, elles s’accompagnent de preuves scientifiques, techniques et médicales qui transforment la végétalisation des villes d’un certain amateurisme à un véritable professionnalisme

La végétalisation urbaine : une nécessité ? 

Les trois objectifs de la végétalisation urbaine concernent trois grands types de lutte : contre la canicule et les îlots de chaleur qu’elle engendre (différence entre la température urbaine et les zones rurales voisines), contre la pollution atmosphérique, et enfin contre la dégradation des sols et les inondations potentielles qu’elle engendre.

L’idée consistant à rafraîchir le milieu urbain se matérialise surtout par la création de parcs arborés et d’espaces verts. L’été, un arbre à feuilles caduques ne laisse passer que 15 % du rayonnement solaire sous sa ramure et son ombre portée. Les feuilles et les branches absorbent en effet 70 % du rayonnement solaire et en réfléchissent 15 %, soit autant de chaleur en moins à proximité. 

Les végétaux, grâce à la photosynthèse, offrent en outre un atout de choix pour capturer jusqu’à 20 kg/an de dioxyde de carbone, autrement dit de gaz carbonique (CO2), et produire du dioxygène, autrement dit de l’oxygène (O2).

La présence d’arbre et d’espaces verts entraîne proportionnellement une réduction des sols asphaltés, bitumés ou bétonnés. Or, les sols (redevenus) naturels sont mieux à même de filtrer ou capturer les polluants grâce à des mécanismes que l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) appelle bioremédiation dont la technologie est susceptible d’engendrer ou d’améliorer les résultats.

Outre les réactions physicochimiques affectant positivement l’environnement, le verdissement des villes présente aussi des effets esthétiques et psychologiques. L’une de ses conséquences indirectes majeures porte sur le bien-être qu’il procure aux habitants. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les concours et estampilles de villes fleuries connaissent un succès grandissant. Non seulement la végétalisation urbaine améliore la santé physique des citadins, mais elle contribue aussi à leur santé mentale en contribuant à réduire les pics anxieux ou dépressifs, en favorisant le développement cognitif des enfants et en retardant certaines dégénérescences liées à l’âge.

Enfin, la végétalisation des villes favorise la diversité biologique et facilite la continuité écologique villes-campagnes, elle-même nécessaire au maintien du vivant.